Raised Among the Olive Trees
November 2023.
One month after the events of October 7, I am still in the West Bank. I am trying to document how, day after day, the situation worsens for Palestinians, especially during this period of olive harvest. I met Khalid a few days ago. He and his family own an olive grove lost in the hills between Ramallah and Nablus. I told him about my wish to come with him one day during the harvest, and by chance, we are right in the middle of the season. Early one Friday morning, he comes to pick me up at my hostel in central Ramallah, near Al Manara Square. In the car are his two sons. One of them, Fadi, is autistic. His current passion is watching swimming competitions, and he shows me videos of them throughout the drive. I can’t help but think how hard it must be to live in Palestine, under occupation, with an autistic child. But Khalid always smiles, he sees beauty in everything. After more than an hour on the road, we reach the entrance of his family’s plantation. There, we meet his sister, brother-in-law, mother, nephews, and nieces. Everyone climbs into the trailer of an old, noisy tractor. Slowly, we descend the hill toward the area where they plan to harvest that day. The day unfolds calmly. Here, luckily, Israeli settlers are not yet too present, and attacks remain rare. But Khalid knows this will not last. During the lunch break, he turns to me and says
“You see that little olive tree there? I planted it when I was a child, with my grandfather. Today it’s still young, it doesn’t give olives yet. It takes hundreds of years for an olive tree to grow tall, like the ones we’re harvesting today. For me, they are like my children. I love these trees as I love them. It’s more than work or money; it’s my bond to my family, to my land. So the day they (the Israeli settlers) come to take them from me, they’ll have to take my life too.”
A long silence follows his words. Then, gently, he starts laughing again with his nephews and nieces, sharing the meal, simple foods: eggs, hummus, vegetables from the garden, bread, olive oil, zaatar.I can’t get his words out of my head. He carved them deep within me. I see that their story has been stolen from them. Their land has been stolen. And in the end, their lives will be stolen too.The day ends as it began, on the same road back, this time uphill. Everyone sings, happy to have finished this beautiful day.
Novembre 2023.
Un mois après les événements du 7 octobre, je suis toujours en Cisjordanie. J’essaie de documenter comment, jour après jour, la situation s’empire pour les Palestiniens, encore plus pendant cette période de récolte des olives. J’ai rencontré Khalid il y a quelques jours. Lui et sa famille possèdent une plantation d’oliviers perdue dans les collines, entre Ramallah et Nablus. Je lui ai parlé de mon envie de venir un jour avec lui pendant la récolte, et par chance, nous sommes en plein dans la saison.
Un vendredi matin, très tôt, il vient me chercher à mon auberge, dans le centre de Ramallah, tout près d’Al Manara Square. Dans la voiture, il y a ses deux fils. L’un d’eux, Fadi, est autiste. Sa passion du moment, ce sont les vidéos de compétitions de natation, qu’il me montre tout le long du trajet. Je me dis que ce ne doit pas être simple de vivre en Palestine, sous occupation, avec un enfant autiste. Mais Khalid garde toujours le sourire, il voit le beau dans tout. Après plus d’une heure de route, nous arrivons à l’entrée de la plantation familiale. On retrouve sa sœur, son beau-frère, sa mère, ses neveux et nièces. Tout le monde grimpe dans la remorque d’un vieux tracteur bruyant. On descend doucement la colline vers l’endroit où ils ont prévu de récolter ce jour-là. La journée se déroule calmement. Ici, par chance, les colons israéliens ne sont pas encore trop présents, et les attaques restent rares. Mais Khalid sait que cela ne durera pas. Pendant la pause du repas, il se tourne vers moi et me dit
« Tu vois ce petit olivier, là ? Je l’ai planté quand j’étais enfant, avec mon grand-père. Aujourd’hui, il est encore jeune, il ne donne pas encore d’olives. Il faut des centaines d’années pour qu’un olivier devienne grand, comme ceux que l’on récolte aujourd’hui. Pour moi, ils sont comme mes enfants. Ces arbres, je les aime comme eux. C’est plus qu’un travail ou une question d’argent : c’est mon lien à ma famille, à ma terre. Alors le jour où ils (les colons israéliens) viendront me les prendre, ils devront aussi me prendre la vie. »
Un long silence s’installe après ses mots. Puis, doucement, il se remet à rire avec ses neveux et nièces, à partager le repas, des produits simples : des œufs, du houmous, des légumes du jardin, du pain, de l’huile d’olive, du zaatar.Moi, je n’arrive pas à chasser ses mots de ma tête. Il les a gravés profondément en moi. Je vois que leur histoire, on la leur a volée. Que leur terre, on la leur a volée. Et qu’à la fin, leur vie, on la leur volerait aussi. La journée se termine par le même chemin du retour, cette fois en montée. Tout le monde chante, heureux d’avoir fini cette belle journée.